Le désarroi nous relie aux autres


?Dans le temps singulier du confinement, tous mes points de repère ont disparu. Je ne suis pas vraiment paniqué, mais désorienté. Surtout ne pas chercher à « être zen » comme on dit, mais prendre le temps d’explorer ce que je vis, ce que j’éprouve. Mais peu à peu, je découvre que, si je suis inquiet, c’est parce que je ressens toute la souffrance autour de moi. Je suis soucieux pour mes proches, mes amis dont certains sont fragiles ou âgés. J’éprouve du désarroi de ne pouvoir les aider et être à leurs côtés. Et l’apaisement vient de la capacité à rencontrer ce qui me fait peur, me blesse et que je voudrais rejeter. Nullement d’essayer de se calmer. Il est important de savoir très précisément ce que l’on est en train de vivre pour pouvoir éventuellement y apporter une réponse. En approchant l’espace de l’inconfort, j’entre de manière plus profonde en rapport à l’humanité en moi ; en habitant l’incertitude, je découvre des ouvertures. Et des ressources personnelles, que je ne soupçonnais pas. Derrière ma vulnérabilité et mon désarroi, il y a le lien profond qui me relie aux autres, au monde. Si je m’inquiète pour eux, c’est parce que je les aime. Je le savais, certes.
L’expérience de la solitude et du désarroi, le courage de toucher l’incertitude où nous ne maîtrisons pas tout, sont un espace privilégié du lien avec les autres. La solitude n’est pas l’isolement. Elle est une attitude intérieure, un mouvement de soi vers soi. Elle consiste à savoir trouver, dans le silence, une possibilité d’exister plus entière. L’enseignement de la solitude comme espace de réintégration à la profondeur de l’existence est absolument central. Il va nous devenir vital. Persévérez, apprivoisez la solitude. Vous découvrirez très vite qu’il y a une plénitude, qu’il y a un monde entier qui s’ouvre en chacun de nous.


Fabrice Midal

Référence: La Croix 2-4/20 (extraits)


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